![]() On trouve sur le territoire de la municipalité de St-Fabien, un grand nombre d'érablières. Plusieurs sont situées dans le 4ième rang, où mon père, Henri Therriault, avait fait du sucre pendant quelques années pour M. Paul-Léon Belzile, acériculteur. Il ne faisait pas ce travail seul. Je me souviens de MM. Ambroise Girouard et Germain fournier, ces derniers ont été tour à tour ses acolytes. Il était de coutume à l'époque qu'un producteur de sucre d'érable embauche des gens pour exécuter les travaux nécessaires à la récolte printanière. La rémunération était proportionnelle à la production. Généralement le propriétaire gardait 50% de la recette saisonnière et les employés se partageaient l'autre moitié qu'ils vendaient pour se faire un revenu tout en prenant soin de garder un peu de sirop, de tire et de sucre d'érable pour la consommation familiale. ![]() ![]() La routine a bien changée: Vite, embarque les bagages dans le "pick Up", quinze minutes de route en 4 x 4, saute sur le "ski-doo", cinq ou dix minutes, on est rendu. Les "Wo!", les "Hu!" et les "Gia!" sont devenus des "Wrooom!" et des "Broooooooom!" La journée terminée, "check" l'huile et met du "gaz", faut que ça soit prêt pour demain matin. Presque chaque printemps, je passe dans le chemin des Cimon. Aujourd’hui, la municipalité ouvre la route un peu avant le temps des sucres et on peut y aller en voiture. Devant les bâtiments de la sucrerie, je m’arrête pour regarder, me souvenir ou prendre des photos. Il m’est arrivé à quelques reprises de jaser avec Louis Belzile, fils de M. Paul-Léon et actuel propriétaire des lieux. Bien que je sois entré une ou deux fois dans la cabane à bouillir, je n’ai jamais osé demander une incursion dans le passé et pénétrer dans le camp qui nous abritait à l’époque. Au début d’avril 2023, via les réseaux sociaux, je reçois un message de Louis m’invitant à venir faire un tour à la cabane. Quelques jours plus tard, j’ai emprunté le chemin des Cimon jusqu’à l’Érablière Loube - Louis Belzile – ma grande hâte était de revoir l’intérieur du camp. Je n’y étais jamais entré depuis l’époque où mon père y a travaillé. Dans mes souvenirs, les yeux fermés, j’ouvre la porte en façade. Celle-ci est décalée vers la gauche du bâtiment. Elle donne sur une pièce unique et les commodités sont disposées près des murs laissant le centre de la petite pièce libre. ![]() Heureuse surprise, les yeux fermés, les yeux ouverts, je vois sensiblement la même chose. Le camp est resté quasi intact sauf quelques changements mineurs qui ont été faits en respectant l’âme des lieux. L’échelle menant au grenier qui était fixée au mur juste au pied du lit, a été remplacée par un escalier rustique qui s’harmonise parfaitement à la pièce. Les murs en planches peintes, les poutres dégrossies de façon rudimentaire, tout y est comme dans le temps. Une porte discrète dans le coin, non loin de l’escalier, donne accès à une toilette, aménagée en dehors de la pièce vers l’extérieur de la bâtisse. Cet ajout n’affecte pas ou très peu l’allure intérieure originale du bâtiment. Le camp pour le monde comme disait mon père par opposition au camp à bouillir. Ce dernier n’a presque pas changé non plus mais les équipements y ont été grandement modernisés. L’ancien évaporateur devenu désuet et probablement dangereux à utiliser à cause des risques d’incendie a été changé pour une nouvelle unité toute en acier inoxydable plus performante, sans soudure au plomb permettant ainsi une production sécuritaire et biologique. Quand le sirop est prêt, il est immédiatement transvidé dans des barils en acier inoxydable et n’attend plus qu’à être expédié vers les entrepôts des acheteurs. Une visite éclair, une discussion intéressante et enrichissante où j’ai appris plein de choses. Oui, j’y retournerai. Jacques Therriault
La photo d'arrière plan s'appelle
"Larme d'érable" "Therriot" 2010 |
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