Il y a cent ans Le Bic était la proie des flammes
Texte de Jacques Therriault
En effet, la nuit du 19 au 20 mai 1921 fut particulièrement éprouvante pour les citoyens du Bic. Plusieurs commerces et résidences privées de la rue Sainte-Cécile ont été rasés par les flammes. Le feu aurait pris naissance dans un des magasins de M. Wilfrid Ouellet, se serait vite attaqué aux bâtiments voisins et aurait
rapidement pris des proportions incontrôlables. La municipalité du Bic n’avait pas de service d’incendie très structuré à l’époque. C’est donc la population qui s’est mobilisée pour tenter de circonscrire l’élément dévastateur. Ce fut presque peine perdue
car l’incendie s’est arrêté seulement quand le pâté de maisons a été complètement rasé.
C’est M. Wilfrid Ouellet qui a essuyé les plus lourdes pertes. En effet, son magasin de meubles a été complètement détruit, il possédait aussi un magasin de marchandises sèches et une
cour à bois qui furent totalement ravagés par les flammes. M. Ouellet était aussi propriétaire d'un garage qui fut, lui aussi, réduit en cendres. Deux ou trois voitures, en réparation ou en entreposage, n'ont pu être mises en sécurité en dehors du périmètre
incendié et furent détruites dans le brasier. D’autres bâtiments qui servaient d’entrepôts ont aussi subi le même sort.
Parmi les autres sinistrés, la Banque d’Hochelaga, qui était locataire dans un des bâtiments de M. Ouellet, a brûlé également. Certains citoyens y ont perdu commerce et résidence. C’est le cas
de M. Ferdinand Belavance, tailleur; de M. Joseph Langis, restaurateur et barbier; ainsi que M. Joseph St-Pierre, boulanger. Le conducteur de locomotive de l’Intercolonial, M. Polydore Dumas, y perdit aussi sa maison. Les hangars et dépendances de ces sinistrés
furent aussi détruits. En 1921, les dommages étaient estimés à 250 000$, un montant équivalent à près de 3 500 000$ en 2021.
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La maison de M. Langis à gauche et celle de M. Bellavance ci-haut.
Les photos sont de M. Louis-Isidore Rioux dont la demeure était située juste à côté de la zone sinistrée.
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L’incendie s’est arrêté au magasin général de M. P.-E. D’Anjou, aujourd’hui l’auberge du Mange Grenouille. Bien que très considérables, les dégâts auraient pu être bien plus importants
si le vent s’était mis de la partie.
Les bicois se sont vite retroussé les manches et se sont mis en mode reconstruction immédiatement. Si bien que le « Progrès du Golfe » du 28 septembre 1921 mentionnait dans ses lignes :
_ « Les maisons incendiées ce printemps sont en partie reconstruites. M. Langis est même rendu dans sa nouvelle maison toute en briques et sa boutique de barbier est ouverte depuis longtemps. »
_ « M. Wilfrid Ouellet a acheté le magasin de M. P.-E. D’Anjou et continue son commerce. Il a fait construire un garage en face avec toutes les améliorations possibles. »
_ « La résidence de M. Bellavance qui promet d’être très moderne n’est pas tout-à-fait finie.»
_ « M. Jos. St-Pierre, après avoir rebâti la sienne presqu’au complet s’est décidé à la vendre à M. Nazaire Boucher et il est parti pour Fall River où demeurent de ses enfants. »
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Potins et nouvelles du Bic dans le Journal Le Progrès du Golfe. C'est là qu'on apprend
l'évolution de la reconstruction des immeubles ravagés par les flammes au printemps. |
Incidemment, le feu s’est arrêté à la résidence de M. P.-E. D’Anjou qui venait d’acheter le Château Tracy (Hôtel Lenghan) à Rimouski pour donner de l’expansion à son commerce de gros déjà très florissant. M. D’Anjou, dans un souci de s’approcher de ses
places d’affaires déménagea à Rimouski et c’est M. Wilfrid Ouellet qui acheta son magasin pour y réinstaller son commerce. Il le vendit quelques années plus tard à un de ses employés, M. Bernier qui y a tenu magasin général encore plusieurs années. De
fil en aiguille, c’est en 1990 que l’établissement est passé aux mains de Carole Faucher et Jean Rossignol qui en ont fait l’Auberge du Mange Grenouille que l’on connaît aujourd’hui (2021).
Comme on peut le constater, c'est tout un pâté de maisons et commerces qui a disparu cette nuit-là. Depuis le Château des Oliviers, au centre jusqu'à l'extrême
droite de la photo, il ne reste à peu près rien aujourd'hui. En 2021, on y trouve la Caisse Populaire, la pharmacie Familiprix, le garage municipal et plusieurs résidences.
En plus d'avoir été publiée dans le journal local, la nouvelle avait fait les manchettes de plusieurs journaux au Québec.
La Cie Mechanic`s Supply Co. Ltd de Québec a même utilisé l’évènement pour promouvoir la vente de ses boyaux d’arrosage ainsi que de ses équipements spécialisés dans la lutte contre les incendies. |
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Recherche Jacques Therriault
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