MES CHRONIQUES TANTÔT LÉGENDES - TANTÔT VÉRITÉ |
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La croix de la Côte-à-Gendreau Par Jacques Therriault
M. Jean confia à son gendre, André Thériault, le soin de
fabriquer la croix, en échange de quoi il lui fournirait le bois
nécessaire à la construction de sa maison. Celui-ci, tailleur de
pierre de profession, se mit à la recherche de pierres de
dimensions adéquates. Il trouva ce qu’il cherchait au Cap-à-l’Orignal
et avec l’aide de Charles-Adolphe Gagnon monta le
lourd matériau jusque dans la boutique de son beau-père. Aidé
de Léonard, son beau-frère, le tailleur entreprit le
dégrossissage des trois blocs de pierre nécessaires à la
réalisation du projet. Et, pendant plusieurs semaines, le bruit
du marteau, des pointes et des ciseaux témoignait du travail de
l’artiste. Une croix presqu’identique, sise au beau milieu du
cimetière de Saint-Fabien, aurait servi de modèle. Le projet fut
donc promptement réalisé à la satisfaction des deux parties. Et
la grande croix de pierre taillée, pendant plus de trente ans,
veilla sur les récoltes et protégea la famille de M. Jean qui
entretenait avec fierté les abords de l’impressionnant
monument. En 1975, commence une petite saga pour la croix. Le
Ministère des Transports lance un appel d’offres pour la
réfection du tronçon de route qui comprend la côte à
Gendreau. Le nouveau tracé passe en plein sur le site où la croix
de pierre est érigée. Ces travaux sont alors exécutés par la
Compagnie d’Équipements de Rimouski et c’est aux
commandes d’un beau tracteur tout neuf, qu’Oscar Therriault,
alors opérateur de machinerie lourde pour ce contracteur,
pousse la croix sur un tas de roches dans le pied de la côte, en
avant de la résidence. La manoeuvre avait soulevé l’ire et
l’indignation de la population et des tollés de protestations
furent dirigés à l’endroit de la compagnie d’Équipements pour
ce geste irrespectueux. Tout semblait bel et bien terminé pour celle-ci mais la famille Jean n’avait pas dit son dernier mot. Ainsi, deux ans plus tard, en 1977, les Jean, désireux de revoir la croix surplomber les champs du bas de la paroisse, entreprennent de lui donner une seconde vie. Benoit Jean, fils de Michel et opérateur de machinerie lourde, a récupéré les restes de celle-ci de son site de rémission et l’a remontée sur son calvaire. Tout le monde a mis la main à la pâte pour la nettoyer et la restaurer. Toutefois, on dut amputer le tronc de plusieurs pouces, celui-ci ayant été endommagé lors de sa périlleuse descente de 1975. La croix diminuée fut réinstallée près de la route du Cap-à- l’Orignal sur un nouveau socle non loin de son site d’origine. La voilà maintenant au nord de la route 132, face vers le sud. Ce second souffle dure toujours puisqu’on peut encore, en 2019, voir la croix de pierre en haut de la côte à Gendreau non loin de l’entrée du parc national du Bic. Cependant, un autre malheur a bien failli s’abattre sur elle dans les années « 90 » alors qu’elle a survécu à un deuxième déménagement. Cette fois-ci, elle fut déplacée de quelques mètres pour permettre une seconde réfection de la route, toujours à la hauteur de la côte à Gendreau. J’ai eu l’idée de ce moment d’histoire en
relisant le livre de Marielle Coulombe « Histoire
de Saint-Fabien, 1828-1978 » qui, à mes yeux,
est une mine d’or d’informations. Je remercie
les personnes qui ont généreusement prêté leur
mémoire et leurs souvenirs pour réaliser ce bref
résumé. Particulièrement Mme Marie-Joseph
Jean, mémoire et photos; Roland Thériault fils
d’André et Mme Micheline Jean fille de Michel
pour leur mémoire et MM. Camille et Raymond
Jean fils d’Alphonse pour leur inspiration.
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