MES CHRONIQUES TANTÔT LÉGENDES - TANTÔT VÉRITÉ |
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At Bic the beautiful - Une fille dans les rochers 1905 - 2021 Texte de Jacques Therriault Avant / Après At Bic the beautiful
PHOTOGRAPHE LOUIS-ISIDORE RIOUX ??? Cette photo d’une femme appuyée contre un rocher et regardant l’horizon est fort probablement l’œuvre du photographe Louis-Isidore Rioux du Bic. La première édition de cette carte, tirée de la plaque de verre originale à mon avis, a été publiée vers 1905. L’image, en noir et blanc, était entourée d’un cadre embossé imitant un passe partout. On peut y lire « Vue de l’Islet au Massacre, Bic ». Le contour de couleur grise dégradée jusqu’au blanc encadre la carte. M. Rioux en a publié plusieurs avec la même plateforme graphique à cette époque. C’est ce qui me laisse à penser que le cliché pourrait bien être de lui. D’autant plus qu’il n’y avait pas beaucoup d’autres photographes au Bic au tout début des années 1900. Comme il s’agit d’une simple impression personnelle, je n’ai pas jugé opportun d’ajouter cette photo à mon livre Hommage à Louis-Isidore Rioux. Cependant, la tentation a été très forte.
ÎLET AU MASSACRE OU ÎLE DU MASSACRE ???
En plus de nous montrer cette dame appuyée contre un rocher, la photo nous dévoile aussi ce paysage magnifique des abords du quai du Bic. Au fond, à droite, on aperçoit l’Islet au Massacre dont le nom a servi à titrer la photo. Les cartes géographiques actuelles la nomment Île du massacre depuis la conversion du territoire en parc national mais son nom dans les écrits, les légendes, les cartes du temps et, bien sûr, la mémoire populaire était bien Île au Massacre. En regardant sur la gauche, on aperçoit une petite partie de l’Île Brûlée cachée par l’Îlot du Quai qui domine ce côté de la photo. J’ose présumer que c’est Anne-Marie Bélanger qui, sur la photo de 1905, se tient debout à travers les rochers. En 2021, c’est ma fille Stéphanie, qui s’est gentiment prêtée à l’exercice et a posé pour moi pour compléter cet Avant – Après. UNE PHOTO QUI A UN TRÈS BEAU PARCOURS J’en ai fait le premier de mes « Avant – Après » et la page couverture de mon prochain album. C’est un cliché très représentatif du paysage maritime et montagneux du Bic. Cette photo fut colorisée et publiée en carte postale au moins à trois reprises par la Cie du chemin de fer Intercolonial. Elle a porté tour à tour les inscriptions : « At Bic the Beautiful, Québec »; « At Bic the beautiful, P.Q. » et, « At Bic the beautiful, Quebec, Inter-Colonial Railway ».
Un numéro suivi de deux lettres est apposé sur la face photo (recto) de chacune de ces cartes postales. Celui-ci est le même pour les trois versions. Il semble référer au Chemin de Fer Intercolonial car d’autres cartes postales publiées par cette compagnie, arborent un numéro semblable où sont inscrits 6 chiffres avec une virgule entre le troisième et le quatrième suivi de deux lettres dans un cercle. Celles-ci pourraient bien être des initiales bien qu’elles ne correspondent pas à celles de M. Rioux. Je n’ai pas trouvé, à ce jour, d’autres indices qui pourraient nous orienter quant à l’identité de l’auteur. Je présume que la dame dans les rochers pourrait bien être l’épouse du photographe car le premier jour de juin 1904, Anne-Marie Bélanger et Louis-Isidore Rioux se sont épousés. Prendre une photo de son épouse dans un décor aussi romantique, pourquoi pas? Il ne reste qu’un petit pas à franchir pour supposer que le photographe a vendu sa photo à l’Intercolonial pour en faire du matériel promotionnel. À cette époque, particulièrement entre 1900 et 1906, plusieurs photos de M. Rioux ont servi à illustrer les pages du journal « La Presse » et de l’Album Universel (Monde Illustré) alors pourquoi n’en aurait-il pas cédé une à la compagnie de Chemin de Fer Intercolonial. N’est-ce pas logique? CARTES À JOUER ET LIVRES À VOCATION TOURISTIQUE La photo fut aussi utilisée par J. Wesley Swan vers 1903 pour montrer les principaux endroits à visiter sur le trajet du train « Maritime Express » de l’Intercolonial entre Montréal et Halifax. Plus de cinquante clichés publiés dans un livre-photo d’un peu plus de 60 pages intitulé : « Through the Maritime Provinces ». Une très belle utilisation de cette photo intégrée dans un groupe de trois très belles vues du havre du Bic qui mettait en valeur le potentiel touristique de notre beau patelin.
Au moins à deux autres reprises, la photo fut utilisée par la compagnie de chemins de fer. En 1905, celle-ci publia un jeu de cartes à titre promotionnel et le graphiste a utilisé cette photo pour personnaliser l’as de cœur. Une jolie fille dans un magnifique paysage, ça vaut bien un AS.
Enfin, toujours vers 1905, dans le but de promouvoir les attraits des sites touristiques du Québec et du Nouveau-Brunswick sillonnés par les trains de la compagnie, l'Intercolonial a publié un livre de 185 pages abondamment illustré des paysages du circuit. L'une des pages montre la photographie magnifiquement colorisée de la dame dans les rochers. Le livre est intitulé " International Railway of Canada, Forest, Stream and Seashore" Il y a des fortes chances que la présentation de tous ces paysages dans une publicité ciblée comme celle-là ait influencé le nombre de passagers voyageant dans leurs wagons.
LE BIC AU COEUR DES ÎLES 1830 - 1980 Plus récemment, lors de la publication du livre « Le Bic, au cœur des Îles » publié lors des fêtes du 175ième anniversaire de la paroisse de Sainte-Cécile du Bic (1830-1980), la photo fut de nouveau utilisée. Elle apparaît à la page 54 de ce document historique. Le commentaire de Mme Blanche-Edmée Rioux (Bellavance) vient renforcer considérablement ma théorie que la photo a bel et bien été prise par M. Louis-Isidore Rioux. Mme Edmée Rioux était la nièce du photographe et résidait très proche de celui-ci. Lorsqu'elle était enfant, son père Ernest avait son magasin et sa résidence juste en face de la maison où demeurait l'artiste.
On indique que le cliché provient d’un photographe anonyme. Ceci suscite chez-moi deux interrogations importantes. - Comment cette photo a pu se retrouver au musée McCord dans les archives Notman? - Est-ce qu’il y a dans ces archives d’autres photos du photographe Rioux qui ne sont pas identifiées? Aucune des publications mentionnées ne porte la signature ou ne fait mention du nom du photographe. Cependant, le style et le graphisme des cartes postales, le contexte de l’époque, l’intérêt certain du photographe pour les attraits de sa région et certains souvenirs de la mémoire populaire laissent flotter l’idée que ce cliché provient bel et bien de la collection de l’artiste Louis-Isidore Rioux. À la même époque, Louis-Octave Vallée, la Pharmacie St-Germain, et Isidore Blais ont publié des cartes postales avec sensiblement la même présentation. Cependant, celles-ci portent le nom de leur auteur ou de l’éditeur qui les a mis en circulation. Comme la plupart des cartes ou photos de M. Rioux ne portent ni sa signature ni son nom je me permets de supposer que cette magnifique photo fait bel et bien partie de l’ensemble de son œuvre. À tort ou à raison, j’ose dire bravo et merci à Louis-Isidore Rioux pour cette magnifique photo. Et dans le cas où je ferais erreur, il n’en demeure pas moins que c’est une image qui constitue un très bel Avant / Après du Bic. |
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