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Dimanche donc, le 11e courant, il convoqua une nouvelle assemblée des marguilliers, à la sacristie, lieu ordinaire de leur
réunion, afin de prouver les accusations contre le bedeau qu'il fit amener en sa présence; et il réussit là à prouver par
une personne dont le témoignage est plus que suspect et qui était alors visiblement sous l'influence d'une autorité indue,
le crime atroce d'avoir dit à cet individu qui le tourmentait sans cesse au sujet des difficultés suivantes;
"que M. le curé me laisse tranquille avec ses caprices".
Voilà l'accusation, la seule accusation qui fut portée contre lui on l'obligea à se prosterner devant M. le curé
qui se tenait debout dans l'assemblée et qui lui fit incliner bas la tête en implorant son pardon. Ce pardon lui
fut accordé et M. le curé le fait lever lui donne la main en disant: "Mon bedeau je t'aime, je ne veux pas que
tu partes, reste je n'ai jamais eu de meilleur bedeau que toi; mon seul but était de te faire soumettre et je suis
satisfait". L'assemblée pensait l'affaire réglée, elle était heureuse de son beau dénouement; mais malheureusement
cette réconciliation n'était qu'apparente et n'était pas aussi sincère que fit St-Paul avec l'incestueux dont il
parle dans son deuxième Épitre aux Corintiens, ainsi que Votre Grandeur s'en convaincra dans la suite du récit. Car
il dit: "pour celui qui a commis ce crime, c'est assez pour lui qu'il ait subi la correction et la peine que lui
a imposée votre assemblée". Il leur dit de plus d'user d'indulgence à son égard, de le consoler de peur qu'il ne
soit accablé par un excès de tristesse et de lui donner des preuves effectives de leur charité. M. le curé n'a pas
agi ainsi avec notre bedeau dont la faute a été pardonnée après avoir aussi subi la peine de notre assemblée; car
paraissant regretter sa première démarche, il dit tout à coup; "ce n'est pas tout je trouve un autre bedeau pour
la moitié de ses gages, il faut qu'il consente à ce prix $30. ou qu'il abandonne, car mon Seigneur m'a dit de ne pas
donner plus que cela (trente).
Pour lever cette objection les marguilliers proposèrent alors d'attendre votre visite pastorale avant d'en venir
à une décision quant au prix du bedeau, et M" le curé y ayant objecté, les habitants promirent de se taxer
pour rencontrer l'autre moitié de ses gages; mais il suscita de suite d'autres entraves pour réussir à le chasser.
Il proposa de lui faire enlever sans retard (au milieu de l'hiver) la petite bâtisse érigée dans le jardin du bedeau,
avec le consentement des marguilliers, ainsi qu'il était convenu d'abord et dont il est question plus haut. Pour lever cette autre
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