petite étable, pour y mettre ses quelques animaux à l'abri dans les rigoureuses saisons de l'année; mais M. le curé s'y refusa formellement donnant comme raison qu'il désirait consulter votre Grandeur à ce sujet. Il paraîtrait que votre Grandeur s'y serait opposée suivant avis du Rév. M. Blouin et dès lors il ne fut plus question de ce terrain; Ce Monsieur donnant cependant comme fiche de consolation au bedeau la permission de construire une petite étable dans le jardin qu'occupait ce dernier depuis le premier jour qu'il fut fait bedeau de cette paroisse. Après avoir donc échoué dans sa première tentative de congédier le bedeau, il déclara, des degrés de l'autel, qu'il n'avait plus rien à reprocher, qu'il l'aimait et qu'il ne désirait rien de plus que de le garder à son service en un mot qu'il était un bon et fidèle serviteur.

Cependant un an plus tard, dans le cours de l'automne 1859, M. le curé manifesta de nouveau la détermination de chasser le bedeau, et enfin de pallier sa conduite plus qu'étrange et de mieux réussir dans son projet, il l'accusa injustement de négligence à remplir les devoirs de sa charge, de manquer d'obéissance et de tenir à son compte des discours infâmes.

Ces graves accusations furent portées devant une assemblée des marguilliers, que M. le curé convoqua tout exprès, le 4ième jour de décembre courant; et la dite assemblée décida à l'unanimité que si les dites accusations étaient fondées et prouvées à sa satisfaction, que le bedeau serait tenu d'en demander pardon à genoux aux pieds du pasteur ou serait de suite déchargé s'il refusait de se conformer à la décision des marguilliers. M. le curé objecta à cette manière de procéder, qui est pourtant la sauvegarde de l'innocent comme le plus sûr moyen de frapper le coupable. Il déclara qu'il était injuste de l'obliger à produire des preuves à l'appui de ses accusations, qu'on devait le croire sur parole; et malgré que toutes les accusations ne fussent appuyées que sur des commérages de village, il insista à ce que le bedeau fut reconnu coupable sans autres formes ni procès.

L'Assemblée ne pit consentir à une pareille violation des lois de la justice et de l'équité et elle fut
en conséquence ajournée. Mais M. le curé ne se découragea pas et l'employa le reste de la semaine à cabaler les marguilliers un par un, en s'efforçant tantôt par les larmes, tantôt par les menaces, à les convertir à sa nouvelle doctrine de condamner l'accusé sans l'entendre et sans lui accorder les bénéfices de la défense.

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