Sainte-Cécile du Bic 19 décembre 1859
Monseigneur,
La présente est pour informer votre grandeur que suivant l'avis qu'elle m'avait donné
j'ai fait une assemblée des marguilliers anciens et nouveaux de ma paroisse, afin de leur exposer
les griefs que j'avais contre le bedeau Pinel. Ils ont tous reconnu unanimement la légitimité de
mes plaintes etant en conséquences condamner le dit bedeau à me demander pardon. Ce dernier ayant
fait ses soumissions on consentit à l'accepter encore comme bedeau, sous condition 1) qu'il enlèverait
sa grange bâtie sans l'autorisation sur le terrain de la fabrique, dès le printemps prochain,
2) qu'à la première faute qu'il ferait, il serait immédiatement renvoyé sur simple avis de M. le curé
3) que la fabrique ne lui donnera que trente piastres par année pendant quatre ans. Sans compter le
casuel qu'il a coutume de recevoir. Le dit Pinel ayant accepté les deux premières conditions,
excepté la dernière on lui donna jusqu'au mercredi suivant pour se décider, après ce temps, s'il
n'accepte point, M. le curé et le marguillier en charge sont autorisés par la majorité des marguilliers
présents à engager un nouveau bedeau. Le mercredi étant arrivé, je demandai à pinel que s'il était
décidé à accepter, nous passerions tous deux un marché par devant notaire, par lequel il s'engagerait
aux conditions énoncées ci-dessus, et de plus ...alors ne me laissant pas le temps d'achever; "Tenez dit-il,
s'il faut absolument aller à la rigueur, je renonce à être bedeau" puis il se retira. Alors le marguillier
en charge avec un autre ancien marguillier se mettent à l'obséder pour lui faire accepter, lui
reprochant vivement de m'avoir dit qu'il renonçait ... Pinel, toujours harcelé par le marguillier en charge
revient quelques instants après me dire ceci: "M. le curé afin de me débarrasser des importunités des
marguilliers, dites-lui que vous ne voulez point vous servir de mes enfants cela m'obligera d'être assidu,
alors ils verront qu'il m'est absolument impossible de rester bedeau. Alors je fis connaître aux marguilliers
cette dernière condition et le bedeau ayant encore déclaré qu'il ne pouvait accepter, la chose se trouvait
terminée avec lui.
Le marguillier voyant enfin qu'il n'y avait plus qu'à choisir un nouveau bedeau, nous restâmes tous deux
longtemps à délibérer; mais ne pouvant nous accorder, je lui dis de revenir le lendemain. Mon
marguillier ne vint point. Enfin le samedi après-midi je me rends moi-même chez lui, afin de savoir s'il
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