se présente quelqu'un qui s'offre pour la moitié du prix ($15.00) sans exiger le terrain demandé par l'autre et
cela pour quatre ans, par acte notarié. C'est un excellent homme, seul avec sa femme et qui a donné sa terre à ferme.
Il a trente-trois ans. Je le juge digne d'occuper la place de bedeau, et capable de remplir les fonctions.
Il m'a déclaré qu'il pourrait très bien vivre avec les petits revenus de sa terre, et les petits honoraires qu'il
demande comme bedeau, et que si on se trouve bien de lui, il continuera pour le même prix. Alors j'ai fait,
pour le dimanche suivant, une assemblée des marguilliers anciens et nouveaux pour leur proposer la chose
en tâchant de leur faire comprendre comment ils devraient consulter dans cette accession les intérêts de
la fabrique endettée encore pour plusieurs années. Cependant, j'ai cru à propos de leur paraître un peu
indifférent pour le renvoi du bedeau, afin de ne pas trop réveiller l'opposition malicieuse
des marguilliers. La chose est passée tranquillement, mais les mêmes marguilliers opposants n'ont pas
voulu accepter une offre aussi avantageuse donnant les plus chétives raisons.Les autres n'ont osé les
contredire. Les premiers se sont retirés aussitôt l'assemblée comme des gens qui font la boutade, ceux
qui sont restés les derniers m'ont laissé libre de faire comme bon me semblerait. Alors j'ai préféré
avant d'agir communiquer l'affaire à votre grandeur, attendant avec hâte une réponse décisive.
Je dois ajouter que la majorité des habitants paisibles,condamnent l'opposition déraisonnable des
marguilliers. Il n'y a aucun engagement écrit, ni verbal de part et d'autre. Les choses en sont restées là...
Je suis Monseigneur
votre très obéissant
F.A. Blouin, ptre
Après cette première lettre au sujet du remplacement du bedeau, une année s'écoula durant laquelle,
les marguilliers accordèrent au bedeau la permission de construire, la grange nécessaire, pour
abriter ses animaux.
Mais le curé n'était pas d'accord et il demeura en mauvais terme avec le bedeau, attendant la
première occasion de se plaindre de celui-ci. Son attente ne fut pas vaine puisque ...