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répétaient, d'écho en écho, d'une terre à bois à l'autre. Les plus gros arbres étaient
sciés au godendard, grande scie à deux poignées et actionnée par deux hommes. Sous ces dents
meurtrières, ces grands géants de la forêt s'abattaient dans un fracas infernal. Ébranchés et
tirés au chemin à coup de cheval, les billots étaient empilés sur les "slieghs", à l'aide d'un
gros crochet.
Toute la journée, se déroulait à ce rythme coupé par un arrêt sur le coup du midi. On préparait
alors un petit feu qui servait à chauffer l'eau pour faire un bon thé fort. Le lard et le pain,
presque gelés, étaient dévorés à belles dents, attendris d'une bonne lampée de thé chaud.
Quelques galettes à la mélasse ou à l'avoine finissaient de restaurer ces vaillants bûcherons.
Avant de reprendre la 2ième partie de la journée, et tout en évaluant le travail
accompli, on s'allumait une bonne pipée, chargée avec soin, et que l'on fumait lentement adossé
à un arbre.
Lorsque le soleil déclinait derrière les montagnes et que la noirceur tombait, ils reprenaient
le chemin du retour. On entendait les clochettes, suspendues au cou des chevaux, trainant lourde
charge sur la neige grinçante de froid.
Tout ne finissait pas là, il fallait dételer les montures, les doigts souvent engourdis par le
froid, décharger le bois coupé que l'on montait debout près du hangar ou de la grange, faire le
train, (soigner et nettoyer les animaux) avant qu'ils puissent entrer à l'intérieur de leur logis
pour souper. Il était souvent entre huit et neuf heures le soir.
Après un bon repas, notre vaillant bûcheron s'endormait dans sa berçante près du poèle chauffé à
blanc, humant la senteur du pain frais cuit, répu, épuisé mais content de sa journée.
Janet
Forêts dévastées, urbanisées, cadastrées,
Où on pouvait écouter le silence
Vous êtes devenues terrain pollué
Et beau souvenir de notre existence.
Forêts dénudées, asphaltées, dégradées,
Avez-vous dans vos souvenances
Qu'un seul paysan vous ait soullées?
Pardonnez-nous votre décadence.
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