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"Johnston, qui fit en 1849 le voyage de Halifax à Québec, par le chemin Kempt, et dont les impressions sont racontées dans un ouvrage consulté par tous les monographistes, a été frappé de la haute échelle des salaires dans le district de Rimouski. La main-d'oeuvre, dit-il, y est plus chère que dans n'importe quel autre comté du pays. Les domestiques de ferme y gagnent outre le logement et la pension, un salaire annuel de 18 à 25 louis; pendant que charpentiers et journaliers reçoivent un dollar par jour. Ces salaires sont deux fois plus considérables que ceux que l'on paie à deux jours de marche plus haut. (5)
Au Bic, la population entre 1842 et 1851 s'était multipliée par six. Or, supposons qu'entre 1842 et 1845 que Bic se développe selon l'accroissement naturel, ce qui s'est sans doute produit, cette population vivait donc depuis 1829 jusqu'en 1845 d'agriculture et de pêche. Elle était (la société Bicoise) donc, une société fermée.
La location de la Seigneurie du Bic entre William Price et le Seigneur Campbell, transformait radicalement cette société. Or, reprenons les données de Johnston qui, dit: "La main-d'oeuvre, y est plus chère que dans n'importe quel comté du pays, (6) et replaçons là dans un contexte sûrement bicois, nous nous rendons compte, que William Price a dû faire appel à de la main-d'oeuvre spécialisée pour la construction du moulin à scie et sa mise en service. La seule façon d'attirer cette main d'oeuvre spécialisée dans une région éloignée, était les salaires. à notre point de vue, l'augmentation de population enregistrée entre 1842 et 1851 s'est surtout manifestée dans les cinq dernières années et est conséquente à l'arrivée du moulin Price. L'économie agraire, à laquelle la société bicoise faisait face entre 1829 et 1845, s'est rapidement transformée en économie agro-forestière.
"L'économie agro-forestière se définit par la co-existence des activités agricoles et forestières unies dans un même espace par des liens de complémentarité. Son existence repose sur deux conditions: 1) absence ou grande faiblesse d'intégration des activités agricoles aux circuits commerciaux, 2) forte subordination de celles-ci aux activités forestières." (7)
5- Tel que cité dans J.D. Michaud, Le Bic, Tome II, p. 64-65
6- Ibid., p.64-65
7- Normand Séguin. La conquête du Sol au XIXième siècle, p. 30.
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