beau, les bancs de la nef et des galeries de l'église sont remplis. M" le curé officie avec deux enfants de la paroisse comme ministre sacré. M. le vicaire April donne le sermon. Le souffle oratoire, la flamme sacrée fixent tous les yeux sur la chaire et captivent même ceux qui grignottent le pain bénit distribué dès le commencement de la messe.

Au sortir de l'église, le soleil est fort et la journée promet d'être belle. L'enthousiasme quitte l'église et gagne les demeures s'attachant au pas de chaque paroissien, le piquant, l'aiguillonnant, le faisant déjà bon Canadien pour le reste de la journée.

À une heure et demie de l'après-midi, salut du Saint-Sacrement et procession de la Saint-Jean-Baptiste. La foule maintenant massée sur le terrain de l'église, s'étend le long des rues, sur les places publiques, sur les galeries, dans l'embrasure des fenêtres, saluant d'acclamations délirantes le passage de la procession, formant cortège dès que le dernier char passe et s'éloigne avec ses fleurs et ses guirlandes. Les maisons restent seules le long des routes, mais gardant avec leurs pavoisements et sour le soleil un air de mignardise.

Et le défilé s'éloigne toujours trop vite pour les yeux ébahis...Les lignes deviennent indécises: une masse de verdure et de fleurs continue de se mouvoir, monte jusqu'à l'extrémité ouest du village, contourne la montagne, se précise de nouveau, repasse au milieu des premières maisons solitaires. Accueilli par les oriflammes flottant sour la brise, le défilé va s'aligner sur le terrain préparé à le recevoir et où on peut le visiter.

Pas plus de poussière là qu'ailleurs, mais toujours un soleil de plomb, toujours une foule immense débordante de gaieté et de vie.

Les yeux s'ouvrent grands de curiosité. La cavalerie est là. Point de riches harnachements. Comme d'habitude cependant, deux chevaux qui piaffent deux cavaliers qui saluent le drapeau. Ce drapeau, c'est celui du Sacré-Coeur. A son ombre, est Jean-Baptiste dans un cadre de sapin et d'érable. Le bleu, blanc, rouge, perdu dans les bordures vertes, associe la France au Canada. derrière ce premier char, comme un écho de ciel vers lequel l'inscription nous fait remonter, se place "la foi, l'espérance et la charité". Ce sont trois grandes vertus