mer baisse, et plus on fait le large, plus grosses sont les clams; de sorte qu'aux époques des petites marées, dans le faible de l'eau, on ne déniche guère que des petites clams invendables.
Les jeunesses de l'Anse-à-Doucet savent tout ça; ils savent toutes les conditions requises pour faire une bonne récolte de clams, pour en arracher, pendant trois ou quatre ehures. - le temps que la mer laisse à découvert la zone des grosses clams, - une douzaine de sacs (des sacs à sel, s'il vous plait!), soit soixante quinze siaux. Puis, ils ont pour faire ce travail la capacité voulue, ayant grandis sains et robustes, au souffle tonifiant du large, dans l'air vif des montagnes, et dans l'air vif des montagnes; ils ont aussi, va sans dire, l'expérience, le tour. Depuis le temps qu'ils arrachent des clams.
Car, il faut bien insister, arracher des clams est une rude corvée, rude pour les bras et aussi pour les reins; cela demande, encore une fois, pas mal de force.
Cela exige aussi de l'entrainement, de l'habileté. Ainsi un novice, même solide, arrachera trois siaux de clams dans le temps qu'un garçon expérimenté fera ses sept siaux. Bref! l'arrache des clams est un métier comme un autre. Il faut l'apprendre!... Mais ce métier, baguette! Il n'est pas pour les comiques.
Vous vous trouvez, supposons, devant un nique de clams ou, si vous préférez, devant une talle de petits trous; que faire? Voici comment il faut procéder. D'une forte poussée du pied, autant dire de toute la jambe, vous enfoncez votre pelle dans le bord de la talle, puis vous secouez votre outil, en imprimant au manche des petites poussées brusques, en avant et en arrière, de manière à décoller le bloc compact et lourd de glaise, de gravier et de coquillages; puis enfin, d'un grand effort des deux bras, et des reins aussi, vous soulevez la pelletée et la jetez, en la retournant sur le bord du trou. Alors, ô plaisir! les clams vous apparaissent, ou plutôt, les blanches coquilles nuancées de noir ou de bleu, enveloppées de glaise - piquées, aussi, dans les parois de la fausse, tout autour. Et, à présent, il ne reste plus qu'à décoller, à la main, - en vous appuyant de l'autre sur votre pelle - les clams de leur gaine collante, et les déposer doucement , pour ne pas les briser, dans votre chaudière. Et voilà!
|