pont de glace qui reliait l'île à la terre ferme. Les malheureux, qui n'étaient pas organisés pour un jour de plus de 12 heures, ont passé 15 jours d'angoisse dans des abris de fortune; le peu de nourriture qu'ils avaient apportée avec eux fut vite épuisé.
Le premier soir, ils signalèrent leur détresse en allumant de gros feux sur la grève et répétèrent ces avertissements les soirs suivants. Cela leur parut bientôt inutile parce qu'aucun secours ne leur venait.; Mais ils continuèrent quand même.Sur la côte sud, malgré les dix milles qui séparent l'île du village, les feux furent répétés un soir; les trente bûcherons reprirent espoir.
L'accident du pont de glace est survenu le 10 mars; les feux furent aperçus le 15. Pendant 8 jours, les glaces en mouvement empêchèrent toute communication avec l'île. Ce n'est que le 23 mars que M.C. Rioux, du Cap-à-l'Orignal, organisa une équipe de sauveteurs.
On lutta treize longues heures contre les glaces menaçantes et le courant rapide. Il était grand temps; le froid et la faim avaient grandement affaibli les malheureux.
Hâves, la figure émaciée par les privations de toutes sortes, la majorité des bûcherons furent ramenés au village du Bic dans la nuit du 23 mars. MM. C.Rioux et E. Doucet leur prodiguèrent les premiers soins et une bonne nuit de repos les rétablitpromptement. Le lendemain, la traversée à l'île fut plus facile; les quelques hommes qui n'avaient pu traverser la veille furent rescapés. Un seul gardien fut laissé sur l'Île avec des provisions, pour prendre soin des chevaux jusqu'à ce que la température leur permette de revenir à la nage.
B) Le Bicquet.
L'îlot du Bicquet est situé à un mille et demi de l'Île du Bic.
"C'est une terre basse, rocailleuse et d'un aspect plutôt triste. Les rochers émergent seulement à quelques pieds du niveau de l'eau aux plus hautes marées, ce qui rend l'endroit dangereux. Aussi, l'îlot fut toujours redouté des marins côtiers. On y déplore en effet de nombreux naufrages."