Bic, le 4 novembre, 1918.

À sa Grandeur,
Mgr André-Albert Blais
Évêque de St-Germain de Rimouski.

Monseigneur,

Le médecin croit que Monsieur Émile Côté, mon vicaire, est maintant hors de danger, et je suis heureux de le faire savoir à Votre Grandeur.
Monsieur Côté est très faible et se remettra lentement. En attendant, je tâcherai de faire le travail de tous les jours le moins mal possible. La semaine dernière a été rude. Aujourd'hui je me suis reposé aussi longtemps que je l'ai pu.

À moins de complications ou d'imprudences, nos nombreux malades se guériront.

Depuis l'apparition de la grippe huit paroissiens sont morts: cinq de 16 à 33 ans, et trois enfants.

Je sais trop la gène dans laquelle se trouve actuellement Votre Grandeur pour lui demander du secours. Je tâche de mettre en pratique les conseils que m'a donné Votre Grandeur. Mais la chose, pour bonne qu'elle soit, est rarement de pratique facile.

On dit que ce fléau a tué autant de monde que la guerre. Il n'y avait aucun remède qui puisse enrayer cette grave maladie. Les personnes ayant à sortir portaient "un brassard" qui signifie ne m'approchez pas, on est atteint. Les familles étant nombreuses à cette époque, les maisons devenaient de véritables infirmeries. Personne venait aider à soigner les malades de peur de contacter la terrible maladie. On installait des lits dans un grande pièce commune où parfois dans certains cas un seul restait debout pour soigner tout le monde. Pour quelques-uns la maladie ne durait qu'une journée et c'était la mort. D'autres