UNE PARTIE DE SUCRE (2) (Clique sur les photos pour agrandir)
Tout le monde est bien rassasié de tire, mais le meilleur
reste à venir. Encore un peu de cuisson, laisser reposer et refroidir et nos "sucriers" Jean-Marc
et Jean-Pierre vont nous brasser un sucre crème, velouté et crémeux comme un péché. Juste le temps
d'ouvrir une bière ou d'avaler quelques clams de la deuxième cuisson et tout sera prêt pour
le sucre.
Chaque "sucrier" a sa recette, mais celle du beau-frère mérite qu'on ne la passe pas sous silence.
Toujours crémeux, toujours blond et d'un velouté incomparable, son sucre crème est digne des
desserts des grands hôtels. Mais on le garde pour nous autres.
Ses secrets sont bien gardés, seul Jean-Pierre saura la recette du paternel. Mais l'important
c'est qu'on puisse en profiter et déguster à notre goût. De ce côté, pas de problème, il y en
a pour tous, grande palette ou petite fourchette, à la cuillère ou du bout des doigts; toutes
les techniques sont bonnes.
Quand tout le monde sera rassasié, le surplus sera mis dans des contenants ou des cornets.
Les plus prévoyants auront pris soin de se confectionner un cornet en écorce de bouleau
pour le faire remplir comme à la vieille époque.
Il reste encore quelques clams. Quelques dédaigneux plus braves que les autres ont pri une
chance de goûter du bout des lèvres à ces petits molusques. Il y aura peut-être un ou une
nouvelle adepte des clams cette année.
Vers quatre heures, les enfants sont fatigués, les mamans sont occupées à les consoler,
les réchauffer ou les changer de vêtements parce qu'ils ont joué dans la neige tout l'après-midi
et que leurs vêtements sont trempés.
Chaque année, c'est Pierrette qui commence à parler de souper. Comme si on n'avait pas
assez mangé en après-midi. Mais personne ne se fait prier, avec les plats que les femmes ont
préparé, même sans avoir faim, il serait disgracieux de laisser passer un tel repas. Le menu peut
varier légèrement à chaque année mais on y retrouve à chaque fois un évantail de mets dignes
des camps de bûcherons d'autrefois. C'est l'odeur du cipaille canadien préparé par Fabienne ou
Pauline qui chatouille les narines quand on entre dans le camp; si vous ouvrez cette grosse cocotte
sur le réchaud du poêle, c'est l'arôme des "beans à la mélasse" de Georgette qui vous mettra l'eau
à la bouche. Pierrette et Cécile ont apporté tout ce qu'il faut pour nous confectionner un
"hâchi au lard" qui en fera succomber plus d'un et, si vous êtes gentils, il y aura peut-être des
"oreilles de crisse", Suzanne a apporté suffisamment de lard salé pour en frire une bonne quantité.
Quand vous aurez dégusté vos mets favoris, s'il vous reste une tripe de vide, je vous ferai dorer
une crêpe, vous trouverez du sirop d'érable dans le petit bidon dans la cabane à sucre. Ceux qui
sont trop difficiles pour apprécier ces mets mangeront des hot-dogs ou des sandwichs.
(suite)
|